L'approche évolutive des difficultés
[Tronc commun]
Observer. Adapter. Soutenir.
Une des priorités du Pacte pour un Enseignement d’excellence est de développer une école plus inclusive dans laquelle les spécificités et les besoins de chaque élève sont pris en compte. L’objectif est de soutenir la réussite de tous, prévenir l’échec et éviter le redoublement. Favoriser la réussite passe par la mise en place d’une approche évolutive de la difficulté d’apprentissage. Généralisée par le tronc commun, l’approche évolutive vise à déceler rapidement les besoins et difficultés via des pratiques d’observation et d’évaluation et, sur cette base, à planifier et adapter régulièrement les stratégies pédagogiques et didactiques pour une prise en charge optimale de l’élève.
Vers la réussite pour tous les élèves
Le développement du modèle de l’école inclusive est au cœur des priorités du Pacte pour un Enseignement d’excellence. Tous les élèves sont différents. Cependant, le Pacte tend à garantir les mêmes apprentissages à tous et à favoriser la réussite du plus grand nombre.
Pour ce faire, il est important de déceler rapidement les difficultés d’apprentissage (ponctuelles ou non) des élèves via des pratiques d’observation et d’évaluation et, sur cette base, de planifier et d’ajuster régulièrement les stratégies pédagogiques et didactiques pour une prise en charge optimale de l’élève et éviter sa potentielle stigmatisation.
L’approche évolutive est donc un processus dynamique dans lequel l’enseignant observe les élèves de manière à déceler rapidement les difficultés d’apprentissage pour ensuite adapter les modalités d’enseignement en fonction des besoins.
Concrètement, lorsqu’un élève éprouve des difficultés ou lorsque celles-ci sont observées, l’enseignant déploie des actions de différenciation. Il peut fournir des explications complémentaires ou encore aider l’élève à refaire des exercices, par exemple. Cette démarche pédagogique s’inscrit non seulement dans une perspective de soutien face aux difficultés, mais aussi dans une perspective de consolidation et de dépassement des apprentissages, en fonction des besoins de chacun.
Des pratiques de différenciation et d'accompagnement personnalisé
Si la difficulté persiste, un dispositif spécifique et complémentaire ainsi qu’un suivi individuel de l’élève sont mis en place. Concrètement, l’école doit mettre en œuvre, le plus précocement possible dans l’année, des dispositifs de soutien renforcés et personnalisés, en concertation avec les parents. Ces dispositifs sont prévus pour être ajustés, si nécessaire, car l’approche évolutive consiste bien à réévaluer régulièrement la pertinence des actions mises en place, notamment pour éviter le risque d’un effet potentiel de stigmatisation des élèves concernés.
Pour soutenir ces pratiques de différenciation et d’accompagnement personnalisé (AP), des moyens d’encadrements supplémentaires sont octroyés aux écoles. Ces moyens permettent de faire intervenir un deuxième enseignant en classe pendant un certain nombre d’heures chaque semaine, afin de faciliter l’observation, l’évaluation et la mise en œuvre de la différenciation.
Cette approche évolutive de la difficulté d’apprentissage permet donc de mieux accompagner l’hétérogénéité de la classe, en restant attentif aux besoins de chacun, que ce soit en matière de remédiation, de consolidation ou de dépassement.
Des formations continues « réseaux » et « inter-réseaux » seront organisées afin de familiariser les équipes éducatives à l’approche évolutive de la difficulté d’apprentissage et de les accompagner dans sa mise en œuvre. Le sens et les enjeux de l'approche évolutive, les pratiques concrètes d'observation, de différenciation et d'accompagnement personnalisé, la notion d'évaluation formative, le suivi spécifique des élèves dont les difficultés persistent, l'utilisation du dossier d'accompagnement de l'élève y sont abordés.
La plateforme e-classe propose des ressources pour informer et outiller les enseignants dans la mise en œuvre des dispositifs de différenciation et d’accompagnement personnalisé.
Visionnez la capsule vidéo sur l'Approche évolutive (3 minutes) :
Une approche évolutive des difficultés d'apprentissage
Deux principes guident la démarche « évolutive » : un suivi et un accompagnement personnalisé de l’élève, au plus près de ses besoins en termes d’apprentissages et de la façon dont ils se transforment, et une dynamique de travail plus collective, associant des professionnels aux profils variés (équipe éducative, et équipe pluridisciplinaire des CPMS et des pôles territoriaux) et reposant sur un dialogue plus soutenu et plus régulier avec les parents.
Le français comme langue d'apprentissage
Le dispositif d’accompagnement FLA (Français Langue d’Apprentissage) est un dispositif essentiel pour soutenir la réussite scolaire de tous dans le cadre du tronc commun. Il s’intègre à l’approche évolutive de la difficulté d’apprentissage. Lorsqu’une difficulté majeure au niveau de la maitrise du français est identifiée, un soutien spécifique doit être mis en place pour l’élève. Un renforcement de l’encadrement spécifique est donc prévu.
Des informations de suivi des élèves disponibles dans le DAccE
Pour soutenir la mise en œuvre de l ’approche évolutive, le suivi des élèves en difficulté est formalisé dans un outil appelé le Dossier d’Accompagnement de l’Élève. Les difficultés persistantes observées par l’équipe éducative et les actions déployées pour y remédier sont consignées à trois moments précis dans l ’année scolaire (après le congé d’automne, après le congé de détente et à la fin de l’année scolaire). C’est aussi par ce biais que les parents sont informés des actions de soutien prévues par l’équipe pour aider leur enfant.
En cas de difficultés persistantes
Si les difficultés sont encore trop grandes en fin d’année, malgré tous les efforts déployés, l’élève peut exceptionnellement être maintenu dans la même année d’études. L’équipe éducative devra alors lui accorder un soutien accru pendant l’année de maintien.
Chiffres-clés
Ligne du temps
arrivée du tronc commun (en ce compris le DAccE et les périodes d’accompagnement personnalisé) en S3
arrivée du tronc commun (en ce compris le DAccE et les périodes d’accompagnement personnalisé) en S2
arrivée du tronc commun (en ce compris le DAccE et les périodes d’accompagnement personnalisé) en S1
mise en application du DAccE en P6 et ajout de 2 périodes hebdomadaires d’accompagnement personnalisé pour tous les élèves de P6
mise en application du DAccE en P5 et ajout de 2 périodes hebdomadaires d’accompagnement personnalisé pour tous les élèves de P5
mise en application du DAccE de la M1 à la P4, 4 périodes hebdomadaires d’accompagnement personnalisé pour tous les élèves en P1-P2 et 2 périodes hebdomadaires d’accompagnement personnalisé pour tous les élèves en P3-P4
2 périodes hebdomadaires d’accompagnement personnalisé pour les élèves de P1-P2
Méthode
participative
Cette section regroupe les comptes rendus d’initiatives menées dans plusieurs villes de Belgique entre 2017 et 2019 à propos des thématiques liées au soutien à la réussite des élèves.
Documents et liens
- Code de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire. Livre 2. Titre 3.
- Fiche ressource sur la différenciation pédagogique
- Fiche ressource sur la différenciation et l’accompagnement personnalisé
- Fiche ressource sur le co-enseignement et la co-intervention pédagogique
- 20 Fiches-outils clés en main présentées sous la forme d’une préparation de leçon – elles contiennent des pistes pour différencier et co-enseigner
- Brochures présentant un outil ou une démarche pédagogique et comprenant systématiquement une partie pratique et une partie théorique
- Vidéos - Différenciation et accompagnement personnalisé: témoignages
Questions fréquentes
Absolument : à tous les élèves, qu’ils présentent des difficultés d’apprentissage ou non.
L’intervention ponctuelle et régulière d’un co-intervenant dans la classe offre des moments privilégiés pour réguler les apprentissages, multiplier les interactions entre élèves et enseignants, accorder une attention plus soutenue à chacun, favoriser un cadre de travail serein, améliorer la qualité des observations réalisées par les enseignants, diversifier davantage les méthodologies ou encore faciliter la mise en œuvre de projets collectifs entre pairs.
Les deux premières années primaires constituent un moment important dans la scolarité, particulièrement en ce qui concerne l’entrée dans la littératie (lecture/écriture), dont on sait le caractère crucial pour la réussite de chacun. C’est aussi en P1 que culmine le redoublement, avec un taux de 5,3 % d’élèves redoublants alors qu’il n’est « que » de 2,5 % en moyenne de la P2 à la P6.
Le co-enseignement se fait au sein de la classe et doit bénéficier à tous les élèves. Il peut prendre différentes formes en fonction de la créativité de l’équipe pédagogique et des besoins des élèves. En voici quelques exemples :
- Un enseignant enseigne, l’autre fournit aux élèves des adaptations et autres formes de soutien individuel, selon leurs besoins.
- Un enseignant enseigne, l’autre observe.
- La classe est divisée en deux groupes et chaque enseignant prend en charge une moitié de classe. Le contenu couvert est le même mais les méthodes d’enseignement diffèrent.
- L’enseignement en ateliers : les élèves passent d’un atelier à l’autre selon un parcours prédéterminé. Chaque intervenant est responsable de l’animation d’un atelier. Un troisième atelier peut contribuer à consolider l’apprentissage.
Conformément aux principes d’autonomie et de responsabilisation laissés aux PO et directions, c’est aux écoles qu’il revient de décider des modalités de mise en place des dispositifs de différenciation et d’accompagnement personnalisé. Cinq balises encadrent l’utilisation des moyens additionnels (dits périodes « AP ») afin qu’ils soient destinés à la différenciation et à l’accompagnement personnalisé :
- Les dispositifs de différenciation et d’accompagnement personnalisé doivent être décrits dans le plan de pilotage de l’école. Concrètement, les écoles sont invitées à expliquer ce qu’elles mettent en place au sujet de ces pratiques dans la stratégie transversale « tronc commun » de leur application Pilotage.
- Les périodes « AP » ne peuvent pas servir à une réduction permanente et systématique de la taille du groupe-classe. Les groupes créés doivent être temporaires et flexibles.
- L’accompagnement personnalisé se fait de préférence au sein de la classe, de manière à limiter l’externalisation. À tout le moins, tous les élèves doivent pouvoir en bénéficier. La prise en charge d’élèves en dehors de la classe durant les périodes « AP » peut s’avérer pertinente si des groupes ne sont pas créés de façon pérenne (puisque l’approche évolutive consiste à réévaluer régulièrement la pertinence des actions et éviter ainsi la stigmatisation des élèves concernés) et si, lorsque certains élèves sont pris en charge en dehors de la classe, l’enseignant n’avance pas dans la matière avec le reste du groupe.
- L’intensité variable des moyens d’accompagnement personnalisé selon les années d’études doit être respectée. Le modèle développé impose l’organisation de périodes à encadrement renforcé plus intenses au début de l’enseignement primaire : à partir de l’année scolaire 2023-2024 et suivant le rythme d’entrée en vigueur du tronc commun, les écoles sont tenues de respecter le prescrit-horaire de 4 périodes « AP » hebdomadaires en P1-P2 et de 2 périodes « AP » hebdomadaires de la P3 à la P6.
- Les périodes « AP » octroyées doivent faire l’objet d’un encodage précis dans les documents prévus à cet effet. Dans un souci de transparence, les dispositifs de différenciation et d’accompagnement personnalisé doivent également faire l’objet d’une communication claire et spécifique aux parents en début d’année scolaire.
Le DAccE est justement un outil qui favorise le dialogue entre l’équipe éducative et les parents :
- les parents sont avertis lorsqu’un bilan de synthèse est établi pour leur enfant et peuvent le consulter ;
- une concertation avec les parents des élèves concernés doit être organisée pour les informer de la mise en place des dispositifs spécifiques et complémentaires de différenciation et d’accompagnement personnalisé.
D’autre part, dans un souci de transparence, les dispositifs de différenciation et d’accompagnement personnalisé doivent également faire l’objet d’une communication claire et spécifique aux parents en début d’année scolaire.
Désormais, avec l’entrée en vigueur progressive du tronc commun, le redoublement n’est interdit à aucun moment du parcours scolaire mais il devient exceptionnel partout, conditionné à la mise en place préalable de dispositifs spécifiques et complémentaires de différenciation et d’accompagnement personnalisé.
Concrètement, les interdictions de redoublement qui existent actuellement dans la législation à certains moments du parcours scolaire seront progressivement supprimées, au fur et à mesure de l’avancée du tronc commun, tandis que la décision de redoublement (également appelée « maintien ») sera conditionnée à la mise en œuvre en amont de dispositifs spécifiques et complémentaires de différenciation et d’accompagnement personnalisé. C’est seulement lorsque ces dispositifs n’auront pas permis à l’élève de surmonter suffisamment ses difficultés d’apprentissage que le redoublement pourra être décidé par l’équipe éducative. Si l’élève est maintenu, un aménagement de sa grille horaire et un suivi renforcé devront être prévus pendant l’année complémentaire.