EVRAS

 

L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) est un processus éducatif qui implique, notamment, une réflexion en vue d’accroître les aptitudes des jeunes à opérer des choix personnels favorisant leur épanouissement dans leur vie relationnelle, affective et sexuelle ainsi que le respect de soi et des autres. Ceci implique que les démarches de l’EVRAS se fondent sur des valeurs de respect, d’égalité, d’accueil des différences et d’ouverture à l’autre.

C’est une éducation d’abord affective – pour comprendre les émotions et les sentiments qui nous traversent, parvenir à les canaliser et à les concentrer sous la forme d’une pensée raisonnée avec laquelle on pourra entrer en dialogue.

L’EVRAS est ensuite apprentissage du relationnel : comment interagir avec les autres, comment s’exprimer, communiquer dans l’altérité, comment s’aimer soi-même et l’autre dans le respect, sans violence.

L’EVRAS est enfin un apprentissage de la sexualité. Connaître son corps, apprendre à le respecter et le faire respecter, apprendre comment ne pas mettre ce corps en danger, comprendre en quoi il peut être source de plaisir autant que de souffrance et recevoir un minimum de recommandations pour se protéger, protéger les autres et s’épanouir.

Ces apprentissages sont progressifs, ils tiennent compte de ce que chaque enfant est capable d’intégrer en fonction de son âge.

 

Pourquoi l'EVRAS pour tous les élèves ?

Parce que l’EVRAS permet de prévenir les violences intrafamiliales ou fondées sur le genre, de sensibiliser à la question de la santé et des droits sexuels et reproductifs (dont l’accès à des moyens de contraception modernes et à des informations sûres, par exemple sur l’IVG), de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes et d’éduquer au respect mutuel et de consentement aux relations sexuelles. Enfin, en communiquant des informations factuelles, neutres et non stigmatisantes sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, considérées comme autant d’aspects du développement personnel, l’EVRAS contribue à combattre l’homophobie et la transphobie, dans le système éducatif et au-delà, et à créer un environnement d’apprentissage plus sûr et plus inclusif pour tous.

 

L'organisation de l'EVRAS dans les écoles

Le développement d’une éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle commune  permet de s’assurer qu’une sensibilisation et une information minimale soit apportée à chaque élève.

Le gouvernement s’est donné comme objectif de généraliser l’EVRAS en milieu scolaire et en dehors. Un accord de coopération est en cours d’adoption et lie la Fédération Wallonie-Bruxelles avec la Région wallonne et la Commission communautaire française.

Cet accord de coopération contient plusieurs nouveautés majeures en vue de réaliser la généralisation de l’EVRAS auprès des enfants et des jeunes, en l’occurrence :

  • il institue des objectifs et un cadre de référence communs au contenu des animations EVRAS, indépendamment du contexte dans lequel elles se donnent ;
  • il établit un label EVRAS commun dans l'enseignement et dans les secteurs de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse ;
  • il fixe les conditions précises dans lesquelles devra s’opérer la généralisation de l’EVRAS en milieu scolaire et en dehors – notamment un volume minimal d’animations obligatoires durant le parcours scolaires ;
  • il prévoit le financement structurel des Centres de planning familial, identifiés comme les opérateurs privilégiés pour assurer ces animations ;
  • il instaure une gouvernance qui permettra de contrôler les objectifs chaque année et de suivre l’évolution des dispositions fixées par l’accord de coopération.

À l’école en particulier, la généralisation de l’EVRAS se décline de manière complémentaire, à deux niveaux :

  • Tout d’abord, avec les nouveaux référentiels du tronc commun, chaque élève reçoit des contenus propres à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle tout au long de son parcours scolaire de la 3e maternelle à la 3e secondaire. Ainsi de nombreuses questions liées à l’EVRAS sont traitées au travers d’un éventail de disciplines et ce, dès le plus jeune âge (éducation physique et santé, éducation à la philosophie et à la citoyenneté, sciences, formation historique, géographique, économique et sociale et formation manuelle, technique, technologique et numérique).
  • Cette généralisation est ensuite renforcée par l’intervention complémentaire d’opérateurs extérieurs labellisés qui nourrissent et développent ces séquences d’apprentissage par la tenue d’animations EVRAS. Cette intervention sera rendue obligatoire, pour les élèves de sixième primaire et de quatrième secondaire de l’enseignement ordinaire et pour les élèves de Maturité IV, en phase 2 de la forme 3 et de quatrième année de la forme 4 de l’enseignement spécialisé. Ces animations peuvent être augmentées, auprès d’autres élèves et tout au long du parcours scolaire, par l’ensemble des opérateurs labellisés.

Chiffres-clés

 

38 % des adolescents scolarisés de la 3e à la 7e secondaire en FWB ont déclaré avoir eu au moins une relation sexuelle
25 % des élèves ayant déjà eu une relation sexuelle avaient eu leur première relation avant l’âge de 15 ans
12%des adolescents du 2e-3e degré du secondaire ayant déjà eu une relation sexuelle n’avaient utilisé aucune méthode de contraception lors de leur première relation sexuelle
1 sur 10C'est le nombre d'adolescents ayant consommé de l’alcool ou de la drogue lors de sa première relation sexuelle
62 centres de planning familial bénéficient d’un label EVRAS Jeunesse en 2021
5,8 millions d’euros de budget supplémentaires ont été dégagés par les Régions pour financer les interventions données par les plannings et rendues obligatoires dans les écoles dès la rentrée 2023.

Ligne du temps

Juillet 1984

Le Parlement de la Communauté française vote le décret relatif à l’éducation sanitaire et à l’information de la jeunesse dans les domaines relatifs à la contraception et à la parenté responsable.

Juillet 1997

Le Parlement vote le décret portant organisation de la promotion de la santé en communauté française. Ce décret défini la promotion de la santé comme étant « le processus qui vise à permettre à l'individu et à la collectivité d'agir sur les facteurs déterminants de la santé et, ce faisant, d'améliorer celle-ci, en privilégiant l'engagement de la population dans une prise en charge collective et solidaire de la vie quotidienne, alliant choix personnel et responsabilité sociale ». Pour ce faire, le Gouvernement met en œuvre un programme définissant des publics prioritaires dont la population scolaire.

Juillet 2008

Le Parlement de la Communauté française vote une résolution qui recommande la généralisation des animations à la vie relationnelle, affective et sexuelle en milieu scolaire.

Juillet 2012

Le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles vote l’inscription de l’EVRAS dans les missions de l’école (actuel art. 1.4.1-2 du Code de l’enseignement). Depuis lors, l’EVRAS est théoriquement obligatoire dans tous les établissements scolaires, tant dans l’enseignement fondamental que secondaire, ordinaire et spécialisé.

Juin 2013

La Communauté française, la Région wallonne et la Commission Communautaire française signent un protocole d’accord ayant pour objectif de proposer aux écoles des points de repère, d’ouvrir des pistes, d’encourager, soutenir et outiller l’ensemble des acteurs qui interviennent au sein de l’école.

Juin 2017

La Fédération Wallonie-Bruxelles instaure un dispositif spécifique « EVRAS en jeunesse » fixant les conditions d’organisation et de subventionnement d’activités EVRAS à destination des jeunes de 12 à 30 ans, fréquentant des structures de jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Décembre 2022

Un nouvel accord de coopération entre la Communauté française, la Région wallonne et la Commission Communautaire française relatif à la généralisation de l’EVRAS est approuvé en première lecture.

Septembre 2023

Le Parlement donne son assentiment à l’accord de coopération entre la Communauté française, la Région wallonne et la Commission Communautaire française relatif à la généralisation de l’EVRAS.

Pour en savoir plus

Questions fréquentes

Ces interventions se veulent participatives et centrées sur les besoins des enfants et des jeunes en prenant en compte leurs questionnements, leur acquis et leur développement psycho-affectif et sexuel. Elles portent sur des thématiques telles que : les sentiments et émotions, les relations interpersonnelles, le corps et le développement humain, les droits humains sexuels et génésiques ; les différences, les discriminations, l’équité, la tolérance et l’inclusion, la santé sexuelle, etc. Elles sont encadrées par des opérateurs labellisés, reconnus pour leur expertise et formés à l’exercice.

Tout le monde ne peut pas se déclarer spécialiste en EVRAS. L’obtention du label EVRAS par les opérateurs est une condition préalable à toute animation, formation d’animateurs et animatrices. Ce label est commun et s’applique en matière d’enseignement, de jeunesse et d’aide à la jeunesse. Il est octroyé par le Gouvernement de la Communauté française et vise à :

  • Garantir la qualité des prestataires via une labellisation publique ;
  • S’assurer que les animateurs et animatrices en EVRAS disposent d’une formation appropriée ;
  • S’assurer que les opérateurs dispensent des activités qui répondent aux objectifs, contenus et thématiques de l’EVRAS ;
  • Attester aux bénéficiaires de la qualité des prestations des prestataires externes.

Proposer des animations d’Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle ne peut en aucune mesure reposer sur un a priori idéologique. Il ne s’agit en effet nullement de donner des orientations aux élèves, mais au contraire de préparer chacun d’entre eux à l’exercice du dialogue, de l’écoute et de l’apprentissage progressif à l’autonomie. De la sorte, cette éducation porte à la fois sur des questions de type relationnelles et affectives. Elle peut également aborder des thématiques ayant trait à la vie sexuelle en apportant des informations factuelles, qui répondent aux questions que se posent les enfants et les jeunes et qui visent à leur donner les éléments de connaissance pour adopter une attitude consciente et préservante de leur intégrité et de celle d’autrui.

On envisage une approche globale quand on pratique l’EVRAS, car la sexualité n’est pas envisagée au sens strict du terme mais dans un sens beaucoup plus large, incluant non seulement les dimensions relationnelles et affectives mais également, les dimensions culturelles, philosophiques et éthiques.

En ce sens, l’EVRAS n’est pas exclusivement réservée à un public adolescent ou préadolescent mais s’adresse à tous les âges, en tenant compte du degré de maturité de chacun (on ne peut évidemment pas aborder les mêmes contenus à 8 ou à 14 ans par exemple). 

La pratique de l’EVRAS est primordiale dans une optique de prévention des risques liés au corps et à la santé. L’EVRAS permet une sensibilisation fine aux dangers et aux comportements à risques. Elle participe à la prévention et à la diminution des grossesses non prévues et à la réduction des infections et maladies sexuellement transmissibles, notamment par la communication, l’information et la documentation sur les moyens de protection et de dépistage.

Outre les questions liées à la santé physique, aborder les différentes orientations sexuelles, les façons de vivre le couple et la famille, l’égalité entre les sexes, expliquer et parler ouvertement de ces thématiques permet de développer un plus grand respect des autres et de la différence. Une meilleure connaissance de soi et une ouverture à l’égard des différences contribuent naturellement à réduire les phénomènes sociaux d’exclusion, de discrimination et de marginalisation.